Histoire de famille de gourmands
La petite histoire de la Cour d'Orgères : passé, présent et futur !
Les gourmands racontent que cette histoire ne se lit et ne s’écoute que parfumée d’une cuillerée de confiture. Ou de tout autre délice à portée de papilles. Car les odeurs et saveurs qui en émanent dépoussièrent des souvenirs gourmets.
Le vrombissement d’une camionnette les chatouille déjà. Cette fourgonnette qui allait et venait, inlassablement, de marché en marché, place des Lices à Rennes, puis chaque jour, sur la côte morbihannaise dès lors que s’implantait l’été. A son bord, la fine équipe, amoureuse du savoureux et de l’authentique. Pierre-Jan et Margareth Indekeu, leurs confections (des gâteaux, du pain, du fromage, et… des confitures) et leurs trois filles assoupies rêvant de ne jamais oublier cette enfance teintée de bonheurs simples.
Si Lauriane a emprunté un autre chemin, Vérène et Marie-Charlotte ont agrippé l’héritage culinaire familial et s’emploient depuis les années 2000 à perpétuer La Cour d’Orgères, son excellence légendaire et sa créativité illimitée. Since 1973.
Il était une fois Orgères…
Tout a commencé par un changement de vie. Celui de Margareth et Pierre-Jan, installés à Paris. Il est diplômé d’une grande école scientifique. Elle étudie médecine. Une opportunité professionnelle saupoudrée d’une soif de vie moins cadencée les appelle à Rennes.
C’est leur chance pour s’offrir un pan de quotidien à la campagne, dans une ferme qu’ils rénovent à Orgères. Un environnement cousu main pour un retour à l’essentiel.
Les néo-ruraux s’acclimatent, s’amourachent même. Ils s’entourent d’une chèvre, de canards et de poules. Puis au fur et à mesure, de deux cent chèvres qu’ils soignent et traient pour fabriquer leur fromage et dessiner les ébauches de leur nouveau métier : agriculteur.
Les confitures d’antan
Rhubarbe, fraise, framboise, cerise, fruits rouges… Le potager et le verger des Indekeu multiplie les miracles qu’ils s’appliquent à transformer en confitures.
Une alchimie mêlant le savoir-faire de « Grand Fafé » (la reine du dénoyautage et mère de Pierre-Jan), les recettes traditionnelles des meilleures confitures glanées dans le voisinage et la savante jugeote mathématique des Indekeu (perfectionnistes du dosage).
Quand la sécheresse de 1976 plombe leur moral et porte-monnaie, c’est Francine, la mère de Margareth, qui leur chuchote une idée évidente. Et s’ils se diversifiaient et vendaient, en plus du lait et fromage, leurs pains, gâteaux et confitures qui remplissent leurs placards ?
Souvenirs de Quiberon
La suite, c’est l’histoire d’une camionnette qui va, vient et devient si quémandée sur les marchés qu’elle installe sa propre boutique à Quiberon, en 1986. Une épicerie ouverte tous les jours qui ravit les habitués et badauds du dimanche et qui hume la confiture dégoulinant tout juste du chaudron ou le financier à peine délogé de sa cuisson.
Des notes de piano s’en extirpent même parfois, tous les lundis déjà, à l’occasion des cours de musique des sœurs Indekeu, puis dès lors qu’un client mélomane y laisse virevolter ses doigts.
Puis la vie et ses mélodies dramatiques laissent prématurément à Marie-Charlotte et Vérène les clés de l’entreprise familiale. Désormais, il ne s’agit plus seulement d’aider les parents, comme elles le faisaient volontiers lors des saisons estivales chargées, l’objectif est vital : il faut s’emparer du présent et construire l’avenir de La Cour d’Orgères.
Il était une fois La Cour d’Orgères…
A chacune leur recette, fournie de remises en question, escapades et formations, pour insuffler leur personnalité avec mesure et volupté, et, progressivement, s’approprier cette histoire qu’elles connaissent déjà par cœur.
A Vérène, la direction artistique, le chaudron, les confitures et la formation des confituriers.
A Marie-Charlotte, la gestion de l’entreprise, la calculette, les dossiers et les projets grandioses. Ensemble, elles réinventent la confiture, déploient ses goûts et bousculent ses usages.
A La Cour d’Orgères, on ne la déguste plus essentiellement à la fraise et étalée sur une franche tranche de pain. On ose le sucré-salé, les recettes allégées et les accords mets-confitures.
Pourtant, on s’y sent comme à la maison, un dimanche matin ensoleillé. Poussez la porte de l’une de leurs boutiques, et goutez à ce savoureux mélange de tradition et de modernité. Il y plane comme un air de reviens-y.